Lorsque votre enfant meurt, le chagrin vous possède, mais vous pouvez choisir la manière dont vous faites face à ce chagrin :
Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte, certains font que votre chagrin peut prendre une tout autre dimension. Pour n’en nommer que quelques-uns, on peut citer des deuils antérieurs non guéris, une perte d’emploi, une séparation, la maladie ou le décès d’un autre membre de la famille, la perte d’amis ou des problèmes financiers. Ces problèmes peuvent faire en sorte que votre deuil soit alourdi ou encore mis de côté temporairement.
Le rôle que cette grossesse jouait peut aussi influencer le deuil que vous vivrez (un congé de maternité pour se réorienter au travail, des petites attentions de la part du conjoint ou de la famille, une tentative de recoller un couple qui battait de l’aile, avoir quelqu’un qui va nous aimer, etc.). Tous ces rôles non dits amènent leur lot de petits deuils accessoires en plus du
deuil de votre bébé.
Il est normal de vivre le deuil d’une façon très différente même si vous avez perdu le même bébé. Votre expérience de vie, votre personnalité, vos croyances peuvent être différentes et vont influencer la façon dont vous vivrez cet événement.
Plusieurs études tentent d’expliquer la différence de vécu entre les hommes et les femmes. Certaines d’elles nous montrent que les hommes font souvent face à un chagrin en contrôlant leurs émotions ; ils vivent leur deuil de façon plus solitaire et essayeront de se changer les idées par le travail, tandis que les femmes ont souvent un fort besoin d’exprimer ce qu’elles ressentent et rechercheront activement du soutien. Lors d’une perte, au début de la grossesse, certains pères verront cela seulement comme un événement triste dans leur vie et le chagrin de leur conjointe peut les désarçonner. Il ne faut pas laisser le père de côté pour autant, il vit lui aussi, à différents degrés, un chagrin et il faut lui donner autant d’attention qu’à la femme.
Il demeure important de prendre connaissance de ces différences, de les accepter et de respecter la façon dont l’autre vivra son deuil. Une communication franche et respectueuse où un climat de confiance règne dans le couple sera nécessaire pour que chacun comprenne ce que l’autre ressent et désire. Personne ne détient de boule de cristal et ne peut deviner ce que votre partenaire ressent. Des malentendus et des conflits peuvent alourdir inutilement votre chagrin. Il est important de valider vos perceptions auprès de la personne concernée.
Les attentes envers votre partenaire ne doivent pas être trop grandes, car il ne faut pas oublier que l’autre aussi vit un deuil. Il peut devenir aidant d’aller chercher du soutien de la famille, des amis ou même d’un professionnel ou d’un groupe de soutien. N’hésitez pas à consulter en couple également si vous en ressentez le besoin.
Une perturbation au niveau de la libido (diminution ou augmentation) chez chacun des partenaires est normale au début d’un deuil et ici aussi, il peut y avoir des divergences dans le vécu de chacun.
Certains peuvent avoir de la difficulté à la pensée de vouloir ressentir du plaisir tandis que d’autres verront les relations sexuelles comme réconfortantes, comme une façon de réduire les tensions physiques ou encore une envie de se sentir encore vivant. Une obsession pour une grossesse suivante peut entraver le désir et la spontanéité, ou encore la relation sexuelle nous ramène au moment où la grossesse perdue a débuté, ce qui peut provoquer un grand chagrin. Il est important d’avoir une discussion ensemble à ce sujet et de se sentir à l’aise dans la reprise des activités sexuelles, car si elle est bien vécue par les partenaires, elle vous rapprochera l’un de l’autre et apaisera votre chagrin.
Comment vont réagir votre famille, vos amis? Vous obtiendrez un certain réconfort auprès de votre famille immédiate et des amis très proches pour quelques jours ou quelques semaines, mais plusieurs personnes vivront un grand malaise en vous parlant ou en vous rencontrant, car ils ne savent pas quoi dire. Ce malaise les amène parfois à vous dire des phrases maladroites qui peuvent vous blesser.
Vous entendrez sûrement des phrases comme « T’es jeune, tu vas en avoir un autre » ou « Ce n’était qu’une fausse couche » ou plusieurs autres du même genre… Dites-vous que ces phrases sont dites sans méchanceté pour cacher leur malaise ou pour essayer de vous consoler.
Plusieurs peuvent être tellement mal à l’aise qu’ils vous éviteront complètement. Souvent, les parents seront déçus, blessés ou en colère envers leur entourage à cause du manque de soutien et de compréhension. L’absence de soutien de l’entourage peut jouer un grand rôle dans la résolution de votre deuil ; tournez-vous vers les gens qui vous écouteront avec empathie et qui respecteront le rythme auquel vous vivrez votre deuil. Un truc est d’aborder vous-même le sujet de la perte de votre bébé au lieu d’attendre que les gens vous en parlent, car plusieurs ne savent pas si vous voulez en parler ou si c’est un bon moment pour le faire.
Il est important de dire aux gens ce que vous vivez et ce que vous attendez d’eux (nommez vos besoins). « Je le sais que tu es mal à l’aise, mais j’ai besoin que tu sois là comme avant et pas nécessairement pour parler du deuil ».
Si vous avez déjà d’autres enfants, vous vous demandez probablement comment leur annoncer la nouvelle et comment ils réagiront ? L’annonce devrait se faire le plus tôt possible et en présence d’un parent ou des deux, et ce, à tous les enfants en même temps. Utilisez des mots simples et évitez les longues explications.
Les enfants réagiront selon la compréhension qu’ils ont de la mort. Leur compréhension varie en fonction de leur âge et aussi en fonction de la réaction de leurs parents. Il est important que la famille puisse parler de la mort librement et que les enfants sentent qu’ils peuvent poser les questions qu’ils ont en tête. La façon dont les parents vivent leur deuil servira d’exemple pour les enfants et l’héritage d’un deuil vécu sainement aura des répercussions positives sur la façon dont l’enfant et le futur adulte négociera tous les deuils auxquels il aura à faire face au cours de sa vie. C’est un bel héritage à leur laisser. L’un des rôles des parents est de se servir des événements de la vie pour apprendre à leur enfant comment faire face aux difficultés. Ce faisant, ils les aident à devenir des adultes sensibles, capables de vivre leurs émotions. Il faut faire attention aux mots utilisés et nommer les choses par leur vrai nom. Il faut employer le mot « mort » avec les enfants et non leur dire que le bébé « fait dodo », a fait un voyage ou encore que quelqu’un (Dieu, Jésus ou un membre de la famille qui est décédé) est venu le chercher, car l’enfant peut avoir peur qu’il lui arrive la même chose.
Les enfants de deux ans et moins n’ont pas vraiment conscience de la mort, mais ils sont très sensibles à l’atmosphère triste et tendue et ils peuvent réagir à ces changements qui les insécurisent. Garder une routine de vie les aidera grandement. Les enfants de deux à cinq ans perçoivent la mort comme temporaire et réversible, et ce n’est que vers l’âge de huit-neuf ans que l’enfant comprend la notion d’irréversibilité et qu’il voit la mort de la même façon qu’un adulte.
Vous redoutez sûrement le moment où vous serez confrontés à d’autres femmes enceintes ou à des bébés. Vous ne savez pas comment vous allez réagir. Pour la majorité des parents, les premiers contacts sont difficiles et éprouvants, car un sentiment d’envie, d’injustice et un immense chagrin peuvent vous envahir. Il est normal de prendre du temps avant d’être à l’aise en présence de femmes enceintes ou de bébés, mais pour évoluer dans votre deuil, il faudra les affronter tôt ou tard. Souvent, l’anticipation de la première rencontre est plus stressante que la rencontre en elle-même. Il est préférable de ne pas attendre trop longtemps, car l’anxiété augmente avec l’anticipation.
Faites-vous accompagner par une personne qui pourra vous donner du soutien. Vous pouvez expliquer aux femmes enceintes ou aux parents de bébés que vous ne savez pas comment vous allez réagir et qu’il se peut que vous ne restiez pas très longtemps la première fois. Vous avez aussi le droit de refuser certaines invitations si vous ne vous sentez pas prêtes (ex. : invitation à un shower de bébé).
Certaines dates (ex. : date prévue de l’accouchement, date de la fausse couche) peuvent vous faire revivre des émotions difficiles même si vous pensiez que vous aviez fait un grand bout dans votre deuil. Vous avez l’impression de régresser pour un moment, mais cela ne dure pas longtemps. Votre deuil chemine et il est tout à fait normal d’avoir des périodes où le vague à l’âme est plus présent, où le manque se fait sentir plus intensément. La période entourant la fête des Mères, la fête des Pères ou encore la période des Fêtes sont des moments très difficiles pour la plupart des parents qui ont perdu un bébé. L’entourage ne comprend pas toujours et cela peut vous causer des frustrations. Une pensée ou un rituel (allumer une chandelle) pour votre bébé peut être apaisant dans des moments comme ceux-là.
On pense souvent aux rituels pour aider à traverser une période plus sombre du deuil, mais ils peuvent être bénéfiques même lorsque vous allez relativement bien. Le but du rituel est d’apporter un certain soulagement chez la ou les personnes qui y participent. Il peut être fait à certains moments pour permettre de vivre votre deuil (ex. : séance d’écriture), de rendre hommage à votre enfant perdu (ex. : une cérémonie commémorative), pour permettre de donner une place au bébé dans la famille (ex. : une décoration de Noël achetée pour chaque bébé et accrochée dans l’arbre par les autres enfants), pour reconnaître que la perte a bien fait partie de votre vie (ressortir le test de grossesse ou une photo de l’échographie) ou encore pour prendre un temps d’arrêt pour voir où vous en êtes rendus (ex. : souper en couple à la chandelle pour faire un partage de votre vécu). Un rituel peut prendre la forme que l’on veut et peut être fait en solitaire, en couple ou en groupe. Ce sont les parents qui savent le mieux ce qu’ils veulent vivre pour les aider à passer à travers les moments plus difficiles.
Un temps d’attente vous est suggéré, car votre corps doit se rétablir. Dépendamment du nombre de semaines de grossesse et des interventions que vous avez eues, il vous sera suggéré d’attendre une menstruation régulière ou parfois trois mois avant de penser à une nouvelle grossesse. Votre médecin vous indiquera le délai qui sera le mieux pour vous. Il est important de le respecter, car si vous devenez enceinte trop tôt après votre fausse couche, vous risquez d’en faire une autre. Vous pouvez trouver ce délai long et ressentir une certaine obsession à retomber enceinte rapidement, un désir pressant de remplir le vide, de diminuer votre peine ou de réparer la blessure causée par la perte de votre bébé. Il faut se donner un peu de temps, il ne faut pas minimiser le chagrin que vous avez en ce moment. Être prête psychologiquement autant que physiquement est souhaitable, car la prochaine grossesse risque d’être plus stressante à vivre.