À votre retour, vous avez à faire face à plusieurs aspects auxquels vous n’aviez pas nécessairement pensé. Votre corps est à l’envers, mais aussi votre coeur. Plusieurs émotions font surface maintenant que vous retrouvez le calme de votre maison et que vous avez le temps de réaliser ce qui se passe. Le stress causé par un tel événement peut provoquer des réactions physiques : un serrement dans la gorge, une boule dans l’estomac, une pression sur la poitrine, des engourdissements, une grande fatigue, des douleurs musculaires ou articulaires, des troubles du sommeil ou de l’appétit, de la difficulté à respirer, des maux de tête, de la difficulté à se concentrer ou des problèmes de mémoire. Votre corps vous demande d’exprimer vos émotions. Ces réactions sont normales et le tout rentrera dans l’ordre si vous vous occupez de votre deuil.
Il est fort probable que vous ressentiez de l’inconfort au niveau de vos seins causé par la baisse des hormones fabriquées durant la grossesse. Il peut être difficile d’avoir du lait sans avoir de bébé avec soi pour le nourrir. Les symptômes de la montée laiteuse, quand il y en a une, se produisent entre deux et cinq jours suivant l’accouchement et durent de 24 à 48 heures environ. Les symptômes varient d’une femme à l’autre : une sensibilité aux seins, une chaleur, une sensation de lourdeur et un écoulement de lait sont possibles. Pour diminuer les inconforts, on suggère de porter un bon soutien-gorge jour et nuit et d’éviter les manipulations des seins, de prendre de l’acétaminophène si douleur ou fièvre, appliquer de la glace ou des compresses froides sur les seins durant 20 minutes aux deux heures. Si un engorgement important se présente, vous pouvez extraire un peu de lait manuellement pour vous soulager.
Les pertes normales sont des saignements rouges foncés à rosés, avec ou sans petit caillot, au cours des premiers jours avec une diminution progressive se terminant par des pertes jaunâtres et brunes. Le retour du cycle menstruel régulier arrivera dans quatre à six semaines. Il est conseillé de ne pas utiliser de tampons ou de douches vaginales avant la première vraie menstruation. Si vous avez des crampes ou des douleurs au périnée à la suite de l’accouchement, vous pouvez prendre de l’acétaminophène ou de l’ibuprofène, sauf s’il y a une contre-indication médicale. Il est conseillé d’éviter de prendre de l’aspirine pour ne pas augmenter les saignements. Si vous avez des hémorroïdes, vous pouvez prendre des bains de siège de deux à trois fois par jour durant 20 minutes dans de l’eau tiède et éviter toute constipation en buvant beaucoup d’eau et en ayant une bonne alimentation contenant beaucoup de fibres alimentaires. Il faut surveiller la plaie pour détecter tout écoulement, une douleur, une rougeur ou une induration. Vous pouvez utiliser de l’eau et un savon doux non parfumé pour nettoyer la plaie en vous assurant de bien assécher par la suite. Des démangeaisons au niveau de la plaie sont normales pendant la guérison.
En premier lieu, précisons que chacune des émotions n’est ni bonne ni mauvaise en soi : chaque émotion sert à comprendre une partie de nos états d’âme. Les émotions sont aussi importantes pour nous orienter sur le plan psychique que les sensations le sont sur le plan physique. Elles nous montrent que nous sommes « atteints » par des événements. Leur intensité nous indique à quel point nous sommes touchés. L’intensité de l’émotion ressentie nous démontre donc l’importance de ce que nous vivons.
Une période dite « de choc » est normale au début, le corps se protège momentanément contre un immense chagrin impossible à gérer pour l’instant. Cette période est utile pour aider à absorber lentement la réalité. Tout de suite après, vous serez confrontés à la douleur de la perte avec tout ce qui vient avec. Cette confrontation provoque une désorganisation éprouvante : c’est la période du deuil la plus difficile à vivre. Toutes les émotions que vous vivrez vous épuiseront certainement et vous remarquerez une baisse d’énergie qui vous ralentira dans vos activités. Les femmes et les hommes vivent un tourbillon d’émotions à la suite de la perte de leur bébé. La profondeur de la peine que vous ressentez n’est pas proportionnelle au nombre de semaines de grossesse que vous aviez, mais bien à l’attachement que vous aviez développé envers cet enfant à venir, aux rêves et aux projets imaginés avec lui. Il est important de pouvoir exprimer ce que vous ressentez d’une façon qui vous soulagera. Que ce soit en parlant, en écrivant, en dessinant, en criant, en chantant, en pleurant, en frappant un oreiller, en travaillant physiquement, etc., tous ces moyens aident à se libérer.
Certains vont préférer se retirer à l’écart, d’autres auront besoin de gens à leurs côtés, l’important est de laisser votre coeur pleurer à sa façon. Accepter et vivre ses émotions, c’est se permettre de guérir graduellement sa peine. Dites-vous que le plus difficile dans un deuil est d’y entrer et non pas d’en sortir. Petit à petit, avec du temps et du travail, vous arriverez à vous réorganiser et à pouvoir parler de votre expérience avec un certain recul, sans jamais oublier. Les émotions sont moins intenses, une certaine paix s’installe et la peine s’estompe pour laisser place à des souvenirs précieux. Chaque deuil est unique à chaque personne et il demeure important de respecter la façon et le rythme que la personne a choisis. Comme chacun de nous a son histoire, son passé, il est impossible de comparer l’ampleur de nos émotions et de nos réactions à celle d’une autre personne.
Voici une description de quelques émotions et sentiments que l’on peut retrouver de façon saine dans la période de désorganisation. Il est probable que vous ne les ressentiez pas tous.
Culpabilité
« Qu’est-ce que j’ai fait de pas correct? » La culpabilité est le sentiment d’avoir fait (chute, consommation d’alcool, cigarettes, etc.) ou pensé quelque chose qui aurait pu changer les événements ou encore d’avoir omis de faire quelque chose. Vous pouvez penser que les sentiments d’ambivalence de début de grossesse, qui sont normaux et inévitables, sont responsables de la perte de votre bébé. La culpabilité s’exprime souvent en forme de « si... ». Vous cherchez une cause à la perte inexpliquée de votre bébé, vous revoyez tout le déroulement de la grossesse dans votre tête pour trouver ce qui aurait pu causer la perte de votre bébé. La femme peut remettre en question son « instinct maternel ».
Injustice
Les « pourquoi nous? » arrivent. Plusieurs situations dont vous prenez connaissance vous renvoient cette injustice (grossesse non désirée, enfant maltraité, quelqu’un qui s’est fait avorter, etc.). L’injustice est difficile à accepter et est très forte si vous aviez pris plusieurs précautions durant votre grossesse. Vous ne méritez pas de perdre votre bébé, c’est injuste.
Sentiment d’échec
Un sentiment d’incompétence remet en question l’image que vous vous faites de vous-même. Les femmes se disent qu’elles ne sont pas de vraies femmes si elles ne peuvent pas mener une grossesse à terme.
Colère
C’est une révolte interne, elle prend une grande place dans un deuil. Elle cache souvent un chagrin inexprimé. Cette colère peut prendre toutes sortes de formes et peut être dirigée envers l’équipe médicale, le conjoint, soi-même, Dieu, les gens qui vous entourent ou encore envers le bébé lui-même. Le plus gros problème avec la colère est de savoir où la diriger. La colère varie en nature et en intensité, elle peut s’exprimer en irritabilité ou en rationalisant les événements, surtout si elle est perçue comme une émotion négative qu’on ne doit pas exprimer. La colère surgit lorsque l’équilibre est rompu dans un aspect de notre vie et le déséquilibre engendré prend la forme générale d’une insatisfaction. Le rôle essentiel de la colère est de nous fournir l’énergie nécessaire pour vaincre l’épreuve qui se dresse devant nous. Comme toutes les émotions, la colère est une saine manifestation d’insatisfaction.
Chagrin
Le chagrin ou la tristesse révèle un besoin affectif en souffrance faisant suite à la perte du bébé, c’est le signe d’un manque. Consentir au chagrin, c’est accepter une certaine vulnérabilité. Ceux qui craignent leur sensibilité peuvent transformer leur tristesse en colère. Lors d’un deuil, le chagrin peut durer très longtemps et peut vous envahir au moment où vous vous y attendez le moins. Il est important d’accueillir et de vivre les émotions au moment où elles se présentent. En pleurant votre manque jusqu’au bout, vous pourrez identifier tous vos besoins insatisfaits.
Perte d’estime de soi
Un sentiment d’infériorité peut être présent, car les parents n’ont pas réussi à mettre un enfant au monde. Le sentiment d’échec amène souvent une perte d’estime de soi. Votre confiance en vous est perturbée, car vous n’avez pas été capable d’atteindre votre objectif, soit celui d’avoir un bébé vivant et en santé.
Sensation de vide
Plusieurs femmes rapportent cette impression de vide intérieur à la suite de l’arrêt de la grossesse... comme si on leur avait enlevé une partie d’elle-même.
Confusion
Un mélange d’émotions intenses, parfois contradictoires, se chevauchent en même temps et peuvent vous donner une impression de confusion, l’impression de perdre la raison. L’écriture peut vous aider à identifier les émotions qui sont présentes et s’entremêlent. Mettez sur papier (ou récitez à voix haute) dans l’ordre où apparaissent dans votre esprit les pensées, les sentiments et les réactions pour tenter, par la suite, de cerner le plus important. Lorsque vous identifiez ce qui a le plus d’importance, la confusion disparaît.
Impuissance
Vous cherchez des réponses et vous n’en trouvez pas nécessairement. Vous voudriez faire quelque chose et vous ne savez pas quoi. L’impuissance est un état désignant l’incapacité ou l’impossibilité d’accomplir des actes ou d’atteindre un objectif qu’on s’était fixé. Le sentiment d’impuissance vous invite à faire la part des choses entre le pouvoir dont vous disposez réellement et celui qui n’est pas entre vos mains.
Perte de contrôle
Les événements vous échappent, vous n’avez pas de pouvoir sur ce qui vous est arrivé et c’est très insécurisant. Vous pouvez, par contre, décider maintenant d’avoir du pouvoir sur ce que vous ferez de cette douloureuse expérience.
Désespoir
Le désespoir est un état émotif qui découle d’une perception. Désespérer, c’est perdre l’espoir que l’on a déjà eu, ou n’avoir aucune confiance d’obtenir ce que l’on souhaite. Le désespoir s’accompagne toujours de tristesse et d’une impression d’impuissance. Des idéations suicidaires peuvent prendre forme, car vous voulez arrêter la souffrance, vous ne voyez plus le jour où vous irez mieux. Vous pouvez perdre confiance en l’avenir. Du creux de la vague, la remontée vous apparaît insurmontable même si elle ne l’est pas en réalité.
Soulagement
Malgré le chagrin intense, ce sentiment est présent chez certaines personnes dont la grossesse était arrivée plus tôt que prévue ou encore si la relation de couple était difficile. Vous pouvez éprouver de la culpabilité à vous sentir soulagée.
Peur
C’est une émotion d’anticipation, ce n’est pas ce qui se produit au présent, mais ce qui pourrait survenir dans un avenir plus ou moins rapproché qui vous effraie. Pour s’en libérer, il est nécessaire d’apprivoiser vos peurs. Sinon, celles-ci pourraient faire obstacle à vos objectifs ou à votre épanouissement personnel. L’anxiété est une peur diffuse qui se manifeste par un malaise qui prend la forme d’un léger affolement intérieur s’accompagnant d’une certaine tension physique.
Hallucinations
Il se pourrait que, dans les premières semaines, vous ayez certaines hallucinations. En effet, il est rapporté par plusieurs femmes de continuer à sentir leur bébé bouger dans leur ventre même après l’accouchement du bébé. Il est rapporté autant par les mères que par les pères d’entendre leur bébé pleurer (lorsque ceux-ci l’ont déjà entendu pleurer). Ces hallucinations physiques et auditives ne durent pas longtemps fort heureusement, elles sont la manifestation du refus plus ou moins conscient de faire face à la perte de votre bébé.
Lorsque votre enfant meurt, vous avez du chagrin. Vous n’avez pas vraiment le choix... le chagrin vous possède. Vous pouvez toutefois choisir la manière dont vous faites face à cette tristesse. Vous ne vaincrez pas votre chagrin rapidement, n’oubliez pas que le deuil est un processus et non un événement ponctuel. La perte de votre bébé changera votre vie pour toujours. Cela ne veut pas dire que vous ne serez plus jamais heureux, mais vous ne serez plus tout à fait la même personne :
Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte, certains font que votre chagrin peut prendre une tout autre dimension. Pour n’en nommer que quelques-uns, on peut citer des deuils antérieurs non guéris, une perte d’emploi, une séparation, la maladie ou le décès d’un autre membre de la famille, la perte d’amis ou des problèmes financiers. Ces autres problèmes peuvent faire en sorte que votre deuil soit alourdi ou encore mis de côté temporairement. Le rôle que cette grossesse jouait peut aussi influencer le deuil que vous vivrez (un congé de maternité pour se réorienter au travail, des petites attentions de la part du conjoint ou de la famille, une tentative de recoller un couple qui battait de l’aile, avoir quelqu’un qui vous aimera, etc.). Tous ces rôles non dits amènent leur lot de petits deuils accessoires en plus du deuil de votre bébé.
La majorité des couples vivront des problèmes à plusieurs niveaux à la suite de la perte d’un bébé, mais heureusement un très faible pourcentage de couples en viennent à se séparer. Il est normal de vivre le deuil d’une façon très différente bien que vous ayez perdu le même bébé. Votre expérience de vie, votre personnalité, vos croyances peuvent être différentes et influenceront la façon dont vous vivrez cet événement. Plusieurs études tentent d’expliquer la différence de vécu entre les hommes et les femmes. Certaines d’entre elles montrent que les hommes font souvent face à un chagrin en contrôlant leurs émotions; ils vivent leur deuil de façon plus solitaire et essayeront de se changer les idées par le travail, tandis que les femmes ont souvent un fort besoin d’exprimer ce qu’elles ressentent et chercheront activement du soutien. Il ne faut pas laisser le père de côté pour autant, il vit lui aussi, à différents degrés, un chagrin et il faut lui donner autant d’attention qu’à la femme. Il demeure important de prendre connaissance de ces différences et de les accepter, de respecter la façon dont l’autre vivra son deuil. Une communication franche et respectueuse où un climat de confiance régnera dans le couple sera nécessaire pour que chacun comprenne ce que l’autre ressent et désire. Personne ne détient de boule de cristal et ne peut deviner ce que votre partenaire ressent. Des malentendus et des conflits peuvent alourdir inutilement votre chagrin. Il est important de valider vos perceptions auprès de la personne concernée. Les attentes envers votre partenaire ne doivent pas être trop grandes, car il ne faut pas oublier que l’autre aussi vit un deuil. Il peut être bénéfique d’aller chercher du soutien de la famille, des amis ou même d’un professionnel ou d’un groupe de soutien. Même si chacun vit son deuil à sa façon, vivre cette situation à deux est bénéfique puisque, souvent, les partenaires ne vivront pas leur moment de grande douleur en même temps. Il se créera alors l’effet du balancier où lorsque l’un s’effondre, l’autre est dans une période où il se sent plus fort et pourra soutenir son partenaire, être son pilier et vice versa.
En l’absence d’une contre-indication médicale, les partenaires peuvent vivre des activités sexuelles sans crainte lorsqu’ils en ont envie. Un tiers des femmes ovulent avant leur première menstruation, il est donc recommandé d’utiliser un moyen de contraception dès la reprise des relations sexuelles. Discutez-en avec le médecin avant votre congé de l’hôpital. Une perturbation de la libido (diminution ou augmentation) de chacun des partenaires est normale au début d’un deuil et, ici aussi, il peut y avoir des divergences dans le vécu de chacun. Certains peuvent avoir de la difficulté à la pensée de vouloir ressentir du plaisir tandis que d’autres verront les relations sexuelles comme réconfortantes, comme une façon de réduire les tensions physiques ou encore une envie de se sentir encore vivant. Une obsession pour une grossesse suivante peut entraver le désir et la spontanéité, ou encore la relation sexuelle nous ramène au moment où la grossesse perdue a commencé, ce qui peut provoquer un grand chagrin.
Il est important d’avoir une discussion ensemble à ce sujet et de se sentir à l’aise dans la reprise des activités sexuelles, car si elle est bien vécue par les partenaires, elle vous rapprochera l’un de l’autre et apaisera votre chagrin.
Comment réagiront votre famille, vos amis? Si vous êtes chanceux, vous obtiendrez un certain réconfort auprès de votre famille immédiate et des amis très proches pour quelques jours ou quelques semaines, mais plusieurs personnes vivront un grand malaise en vous parlant ou en vous rencontrant, car elles ne sauront pas quoi dire. Ce malaise les amène parfois à vous dire des phrases maladroites qui peuvent vous blesser. Vous entendrez sûrement des phrases comme « T’es jeune, tu vas en avoir un autre » ou « C’est mieux comme ça, il aurait pu être handicapé » ou plusieurs autres du même genre. Dites-vous que ces phrases sont dites sans méchanceté pour cacher leur malaise ou pour essayer de vous consoler. Plusieurs peuvent être tellement mal à l’aise qu’ils vous éviteront complètement. Souvent, les parents seront déçus, blessés ou en colère envers leur entourage à cause du manque de soutien et de compréhension.
L’absence de soutien de l’entourage peut jouer un grand rôle dans la résolution de votre deuil; tournez-vous vers les gens qui vous écouteront avec empathie et qui respecteront le rythme auquel vous vivrez votre deuil. Un truc est d’aborder vous-même le sujet de la perte de votre bébé au lieu d’attendre que les gens vous en parlent, car plusieurs ne savent pas si vous voulez en parler, ou si c’est un bon moment pour le faire.
Si vous avez déjà d’autres enfants, vous vous demandez probablement comment leur annoncer la nouvelle et comment ils réagiront. L’annonce devrait se faire le plus tôt possible en présence d’un parent ou des deux, et ce, à tous les enfants en même temps. Utilisez des mots simples et évitez les longues explications. Les enfants réagiront selon la compréhension qu’ils ont de la mort. Leur compréhension varie en fonction de leur âge et aussi en fonction de la réaction de leurs parents. Il est important que la famille puisse parler de la mort librement et que les enfants sentent qu’ils peuvent poser les questions qu’ils ont en tête.
La façon dont les parents vivent leur deuil servira d’exemple pour les enfants et l’héritage d’un deuil vécu sainement aura des répercussions positives dans la façon dont l’enfant, et le futur adulte, négociera tous les deuils auxquels il aura à faire face au cours de sa vie. C’est un bel héritage à lui laisser. Un des rôles des parents n’est-il pas de se servir des événements de la vie pour apprendre à leur enfant comment faire face aux difficultés et les aider à devenir des adultes sensibles, capables de vivre leurs émotions? Il faut faire attention aux mots que nous utilisons et nommer les choses par leur vrai nom. Il faut employer le mot « mort » avec les enfants et non leur dire que le bébé « fait dodo », a fait un voyage ou encore que quelqu’un (Dieu, Jésus ou un membre de la famille qui est décédé) est venu le chercher, car l’enfant pourrait avoir peur qu’il lui arrive la même chose.
Les enfants de deux ans et moins n’ont pas vraiment conscience de la mort, mais ils sont très sensibles à l’atmosphère triste et tendue, et ils peuvent réagir à ces changements qui les insécurisent. Garder une routine de vie les aidera grandement. Les enfants entre deux et cinq ans perçoivent la mort comme temporaire et réversible et ce n’est que vers l’âge de huit-neuf ans que l’enfant comprend la notion d’irréversibilité et qu’ils voient la mort de la même façon qu’un adulte.
Si votre grossesse s’est terminée après 19 semaines et un jour de gestation, le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) vous donne droit (si vous avez eu un revenu minimum de 2 000 $ au cours de l’année) à un congé de maternité d’une durée de 15 à 18 semaines pour vous permettre d’avoir le temps nécessaire pour vivre votre deuil. Vous devez faire la demande par téléphone au 1 888 610-7727 ou en ligne au site www.rqap.gouv.qc.ca. Le congé de paternité et le congé parental ne s’appliquent que si le bébé est vivant.
Il se peut que vous ayez besoin de plus de temps psychologiquement et il ne faut pas hésiter à en parler avec votre médecin. Peut-être aurez-vous besoin d’un congé de maladie plus long pour vous sentir prête à retourner travailler. Votre conjoint aussi peut en faire la demande s’il se sent incapable de retourner travailler tout de suite.
Comme avec votre famille, le retour dans votre milieu de travail, le fait de faire face à vos collègues, de répondre à leurs questions ou encore de ressentir leur malaise en votre présence peuvent vous amener à vivre un stress important. S’il vous est possible de visiter votre lieu de travail avant le retour officiel, cela contribuera à faire diminuer le stress du premier jour de travail. L’envoi d’un mot expliquant ce qui s’est passé et vos attentes lors de votre retour peut aussi être une bonne idée. Un retour progressif, lorsqu’il est possible, peut vous faciliter la tâche, car le manque de concentration peut vous rendre moins productif ou vous demander un effort supplémentaire pour accomplir votre travail.
Vous redoutez sûrement le moment où vous serez confrontés à d’autres femmes enceintes ou à des bébés. Vous ne savez pas comment vous allez réagir à la vue de ceux-ci. Pour la majorité des parents, les premiers contacts sont difficiles et éprouvants, car un sentiment d’injustice, d’envie et un immense chagrin peuvent vous envahir. Il est normal de prendre du temps avant d’être à l’aise en présence de femmes enceintes ou de bébés. Pour évoluer dans votre deuil, il faudra les affronter tôt ou tard. Souvent, l’anticipation de la première rencontre est plus stressante que la rencontre en elle-même. Il est préférable de ne pas attendre trop longtemps, car l’anxiété augmente avec l’anticipation. Faites-vous accompagner par une personne qui pourra vous donner du soutien. Vous pouvez expliquer aux femmes enceintes ou aux parents de bébés que vous ne savez pas comment vous allez réagir et qu’il se peut que vous ne restiez pas très longtemps la première fois. Vous avez aussi le droit de refuser certaines invitations si vous ne vous sentez pas prêts (ex. : invitation à un shower de bébé d’une amie).
Il peut être très difficile pour vous de retourner à la maison et de faire face à la chambre que vous aviez préparée avec tant d’amour pour votre bébé. Votre entourage pourrait être tenté de la défaire avant votre retour pour vous épargner du chagrin, mais il demeure néanmoins bénéfique de la défaire vous-même quand bon vous semblera. Le fait de ranger les vêtements et les jouets est une étape dans le cheminement de votre deuil.
Vous pouvez laisser des choses dans la chambre pour un prochain bébé sans changer toute la décoration, mais elle doit être distincte de celle préparée pour le bébé que vous venez de perdre. Il se peut que cela prenne du temps avant que vous soyez prêts à la défaire et que vous alliez bercer des toutous, une doudou ou une photo de votre bébé pendant un bout de temps. Ne défaites la chambre que lorsque vous serez prêts tous les deux.
Certaines dates (ex. : date prévue de l’accouchement, 1er anniversaire de naissance et/ou du décès du bébé) peuvent vous faire revivre des émotions difficiles même si vous pensiez que vous aviez fait un grand bout dans votre deuil. Vous avez l’impression de régresser pour un moment, mais cela ne dure pas longtemps. Votre deuil chemine, mais il est tout à fait normal d’avoir des périodes où le vague à l’âme est plus présent, où le manque se fait sentir plus intensément.
La période entourant la fête des Mères, la fête des Pères ou encore la période des Fêtes sont des moments très difficiles pour la plupart des parents qui ont perdu un bébé. L’entourage ne comprend pas toujours pour quelles raisons et cela peut vous causer des frustrations. Une pensée ou un rituel (allumer une chandelle) pour votre bébé peut être apaisant dans des moments comme ceux-là.
Nous pensons souvent aux rituels pour aider à traverser une période plus sombre du deuil, mais ils peuvent être bénéfiques même lorsque vous allez relativement bien. Le but du rituel est d’apporter un certain soulagement chez la ou les personnes qui y participent. Il peut être fait à certains moments pour vous permettre de vivre votre deuil (ex. : séance d’écriture), de rendre hommage à votre enfant perdu (ex. : une cérémonie commémorative), pour permettre de donner une place au bébé dans la famille (ex. : une décoration de Noël achetée pour chaque bébé et accrochée dans l’arbre par les autres enfants), pour reconnaître que la perte a bien fait partie de votre vie (ex. : ressortir le test de grossesse, une photo de l’échographie ou du bébé et tous les souvenirs recueillis à l’hôpital) ou encore pour prendre un temps d’arrêt pour voir où vous en êtes rendus (ex. : souper en couple à la chandelle pour faire un partage de votre vécu).
Un rituel peut prendre la forme que l’on veut et peut être fait en solitaire, en couple ou en groupe. Ce sont les parents qui savent le mieux ce qu’ils veulent vivre pour les aider à passer à travers les moments plus difficiles.
C’est une autre étape importante de votre deuil. Les rites funéraires sont importants pour vous aider à accompagner votre bébé à son dernier repos, à lui rendre hommage une dernière fois. Les parents trouvent un certain réconfort à le faire et ces rites répondent à un besoin chez la plupart des parents. C’est un moment privilégié pour recevoir du soutien de votre famille et de vos amis; cet événement est également l’occasion d’exprimer tout votre chagrin à la suite de la perte de votre bébé. Permettez à vos autres enfants de participer aux préparatifs des funérailles. Expliquez-leur ce qui se passera au salon funéraire, à l’église et à l’inhumation. Après les avoir bien informés, laissez-les libres de choisir d’y participer ou non. Il n’y a pas d’âge précis pour inclure les enfants dans les rituels comme les funérailles; il est toujours mieux d’intéresser les enfants plutôt que de les laisser de côté. Durant les funérailles, il est préférable qu’un adulte soit assis avec chaque enfant présent au cas où celui-ci aurait des questions ou préférerait quitter.
Un temps d’attente vous sera suggéré, car votre corps doit se rétablir, attendre que tout votre système se replace. Selon le nombre de semaines de grossesse où vous étiez rendue et les interventions que vous avez eues, le délai avant de penser à une nouvelle grossesse ne sera pas le même. Votre médecin vous indiquera le délai qui sera le mieux pour vous. Il est important de le respecter, car si vous devenez enceinte trop tôt après la perte de votre bébé, vous risquez de faire une fausse couche. Vous pouvez trouver ce délai long et ressentir une certaine obsession à retomber enceinte rapidement, un désir pressant de remplir le vide, de diminuer votre peine ou de réparer la blessure causée par la perte de votre bébé. Il faut se donner un peu de temps, il ne faut pas minimiser le chagrin que vous avez en ce moment. Être prête psychologiquement autant que physiquement est souhaitable, car la prochaine grossesse risque d’être plus stressante à vivre.
Le prochain rendez-vous avec votre médecin devrait avoir lieu environ six semaines après l’accouchement. Ce rendez-vous est important pour s’assurer que votre corps s’est bien remis. C’est aussi un bon moment pour lui poser toutes les questions qui vous trottent dans la tête depuis votre congé de l’hôpital. Préparez-vous une liste de questions s’il le faut et prenez tout le temps nécessaire lors de la consultation.